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LA MESSAGÈRE

lever et venir causer avec mes chevaliers : peut-être en apprendriez-vous des nouvelles qui vous réconfortassent.

— Sire, je suis encore trop faible.

— Je m’en vais donc, car il est temps de dîner. Là-dessus, il sortit et annonça à tout le monde qu’elle se trouvait mieux. Aussitôt les dames et demoiselles accoururent dans la chambre de la reine, et elles s’efforcèrent de l’égayer ; mais comment aurait-elle eu quelque joie au cœur, quand elle avait perdu celui dont toute joie lui venait ?

Le lendemain, elle remit à sa cousine une robe de soie, avec la cotte et le manteau pareils, pour chevaucher, et un autre manteau, très beau, à vêtir dans les hautes cours. Puis elle fit amener le meilleur de ses palefrois qui fut garni aussi richement que possible. Enfin elle donna à la demoiselle un nain bien emparlé, qui connaissait une foule de langages, et un écuyer preux et hardi pour l’escorter. Et, les coffres chargés sur les sommiers, la demoiselle s’en fut droit vers la Gaule, avec ses gens.

La reine avait monté sur la plus haute tour pour la voir s’éloigner. Quand sa cousine eut disparu dans la forêt, le cœur lui manqua. Mais, en baissant les yeux, elle vit à son doigt un anneau que Lancelot lui avait donné, et cela la réconforta un peu. Puis elle descendit dans sa chambre et pria Notre Seigneur de lui envoyer