Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
LE CHÂTEAU AVENTUREUX

que tous ceux qui sont encore en quête de lui. Le roi consentit et fit crier par tout le pays le lieu et la date du tournoi. Mais le conte laisse à présent le roi Artus et la reine Guenièvre et retourne à Lancelot, qui chevauche vers la cour à travers la forêt Perdue, après avoir délivré les chevaliers et les demoiselles enchantés.


XXXII


Comme il traversait une clairière, il rencontra un chevalier très grand et très fort, qui portait sur le cou de son destrier le corps d’un homme tout armé, tête de-ci, jambes de-là. Et dès qu’il aperçut Lancelot, le géant posa sur le sol sa charge humaine, baissa sa lance et piqua des deux sans sonner mot. À son tour, Lancelot laissa courre, et tous deux se frappèrent si rudement que leurs lances volèrent en pièces, qu’ils s’entre-heurtèrent de leurs chevaux et de leurs corps et qu’ils s’abattirent l’un l’autre à terre : et sachez qu’on eût bien fait une lieue à pied avant que sens et mémoire leur fussent revenus. Lancelot pourtant se leva le premier, car il avait été moins froissé de sa chute, étant moins lourd ; l’épée à la main, il courut au géant qui se redressait, encore tout chancelant : d’un pre-