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LA BATAILLE DU COR

prouesse durant sa jeunesse : même, il lui déchargea un si pesant coup d’épée, qu’il abattit un morceau de l’écu. Mais Hector riposta et le roi fit du jour la nuit : il chut pâmé sur le sol où ses armes sonnèrent. Et Hector s’empara de son destrier : il le conduisit à monseigneur Gauvain, qui était encore à pied.

Ainsi dura la mêlée, et vous eussiez vu le champ jonché de chevaux morts, éventrés, renversés sur le dos et agitant les jambes, d’hommes tués ou navrés, la bouche bée, gisant comme brebis égorgées, criant :

— Pour Dieu, à boire !

La cervelle et le sang tombaient en pluie : certes, de cette bataille mainte dame demeura sans mari ! Enfin, sur l’heure de none, comme l’armée du roi Claudas commençait de plier, parurent au loin les chevaliers de Gannes, qui venaient au pas afin que leurs destriers ne fussent pas trop las au moment où ils en auraient besoin.

— Beaux seigneurs, voici le secours ! se hâta de crier Claudas. Ores paraîtra qui preux sera ! Que chacun pense à se venger du mal qu’on lui a fait !

Sitôt qu’ils débuchèrent dans la plaine, les gens de Gannes brochèrent des éperons à qui mieux mieux. Toutefois ceux de Bretagne les reçurent en prud’hommes, et de telle sorte