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LA BATAILLE DE GANNES

et le bras au corps, et le renversa mort. Puis il tira son épée, et il abattit Esclamor, et Chanart, et Nabin, et fit en peu de temps un si furieux ravage qu’à le voir, la gent du roi Claudas hésita.

— Par mon chef, dit messire Gauvain, il est fou celui qui a pris la terre d’un tel homme !

La nuit descendait : les gens de la Déserte furent heureux de la voir venir. Ils tournèrent bride assez vilainement vers la cité de Gannes, rudement pourchassés par les Bretons, qui tuaient tous ceux qui restaient en arrière.


XLII


À Gannes, le roi Claudas fit bien garnir les murs, tourelles et bretèches de sergents et d’arbalétriers ; puis il s’enquit des hommes qu’il avait perdus et en trouva plus de quatre cents. Alors, par le conseil de ses barons, il résolut d’attendre, abrité dans la ville, le secours de l’empereur de Rome, son seigneur, qui n’était plus qu’à deux lieues.

Au matin, en effet, l’armée romaine sortit tout soudain de la forêt, les enseignes dressées. Heureusement, messire Gauvain avait fait veiller toute la nuit quarante fer-vêtus, et non pas à cheval pour ne point fatiguer les destriers, mais