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FUITE DE CLAUDAS

Durant la trêve, les gens de Gannes et les Romains visitèrent souvent l’armée du roi Artus, tandis que les chevaliers de Logres allaient à leur guise dans la cité dont ils admirèrent les grandes richesses. Or, la veille de la Saint-Michel, un des hommes de Claudas s’étonna de voir qu’on menait grande joie dans les tentes des Bretons ; et, ayant appris d’un valet que c’était à cause de l’arrivée prochaine du roi Artus et de Lancelot, il s’empressa d’en instruire son seigneur. Dont Claudas, certes, fut très mal à l’aise. Il appela un écuyer qu’il avait élevé et nourri.

— Me puis-je fier à toi ?

— Ha, sire, que dites-vous ? Je vous servirai loyalement à toujours.

— J’ai à parler à un ermite qui habite loin d’ici. Prépare secrètement trois sommiers pour porter les bagages, et deux forts chevaux, l’un pour toi, l’autre pour moi. Nous partirons cette nuit.

Ainsi fut fait. Et lorsqu’il fut à douze lieues de la ville, Claudas envoya un valet avertir ceux de Gannes qu’il s’en allait à Rome, auprès de l’empereur, et leur conseiller de faire la meilleure fin qu’ils pourraient. C’est pourquoi, à peine le roi Artus et Lancelot furent-ils arrivés au camp, Claudin, Chanart, Esclamor, Pantelion et une foule de chevaliers, vêtus le plus richement qu’ils avaient pu en cette saison et