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LES CHEVALIERS ANGES

sant et resplendissant d’entre eux, il faut que ce soit Notre Sauveur en personne. Je vais l’adorer, et honorer ses serviteurs.

Là-dessus, il se prosterne et commence de réciter tout ce que sa mère lui avait enseigné de prières et d’oraisons, tant que le maître chevalier, le voyant ainsi, dit à ses compagnons de s’arrêter pour ne pas l’effrayer à mort et s’avança seul auprès de lui.

— N’aie pas peur, valet.

— Je n’ai point peur, par le Sauveur ! Mais n’êtes-vous point Dieu ?

— Non, par ma foi ! Je ne suis qu’un chevalier. Mais dis-moi : n’as-tu pas vu passer par ici cinq hommes et trois pucelles ?

— Un chevalier ? Je n’ai jamais entendu parler de chevalier. Mais vous êtes plus beau que Dieu, luisant de la sorte… Qu’est-ce que vous tenez à la main ?

— C’est une lance, valet.

— Voulez-vous dire que vous lancez cela comme je fais mes javelots ?

— Non, certes ! On en frappe de près ceux contre qui l’on bataille.

— Mes javelots valent donc mieux, car j’en atteins bêtes et oiseaux d’aussi loin qu’on pourrait tirer une flèche.

— Je n’ai que faire de tout cela. Réponds à ma question.

Mais le jouvenceau touchait le bas de l’écu.