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PERCEVAL ET LA CHEVALERIE

devenus les cinq hommes et les trois pucelles que je poursuis. Vont-ils au pas, ou s’ils s’enfuient ?

— Sire, au delà des grands bois qui environnent cette colline, il y a une vallée où les métayers et les laboureurs de ma mère sèment et hersent. Ils vous diront si ceux que vous suivez ont passé là.

À ces mots, les chevaliers piquèrent des deux et s’en furent au galop, laissant Perceval tout rêveur.


XLV


Il retourna lentement au manoir où sa mère, qui avait le cœur dolent et noir à cause de son retard, le serra contre elle en l’appelant « beau fils, beau fils » plus de cent fois.

— Dame, lui dit-il, j’ai eu une grande joie aujourd’hui. Ne m’avez-vous pas dit bien souvent que les anges de Notre Seigneur Dieu sont si beaux que la nature jamais ne fit de plus avenantes créatures ? J’en ai rencontré dans la forêt Gâtée. Ils m’ont dit qu’on les nomme chevaliers et que l’ordre de chevalerie est le plus noble que Dieu ait institué en ce monde.

— Hélas ! dit la mère en pleurant, je suis maudite ! Voilà donc advenu ce que je craignais le plus ! Beau doux fils, ces mauvais anges