Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LE CHEVALIER À LA CHARRETTE

VI


Elle brûlait de connaître le nom du chevalier à la charrette : l’ayant entendu louer si hautement par monseigneur Gauvain, elle pensait qu’il pouvait être Lancelot en personne, et elle s’en fût assurée si le bruit n’eût couru que le bon chevalier était mort. Mais elle se promit qu’elle le saurait si, en mettant un homme à l’essai, on le pouvait connaître. Elle appela sa sœur cadette, qui était très sage et courtoise, et elle lui enseigna ce qu’elle devait faire. C’est pourquoi celle-ci monta à cheval et gagna par des chemins de traverse le carrefour des Ponts. Dès qu’elle vit arriver les deux compagnons, elle prit les devants sans leur parler : mais ils la joignirent, et, après l’avoir saluée, lui demandèrent si elle n’avait nouvelles de la reine Guenièvre.

— Ne savez-vous pas, dit-elle, que Méléagant, le fils du roi de Gorre, l’a emmenée au royaume de son père, d’où nul Breton ne peut sortir ?

— Et comment y aller ?

— Je vous le dirai bien, si vous voulez me promettre sur votre foi que chacun de vous m’ac-