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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

manier un destrier, s’escrimer de l’épée et s’aider de la lance et de l’écu. Mais il savait aussi lire, écrire, parler latin ; surtout il avait le plus franc cœur et le plus loyal du monde ; de tout cela le conte devisera quand il sera temps.

Or, cette année-là, qui fut la quatre cent cinquante-quatrième après la Passion de Notre Seigneur, la veille de la Pentecôte, il arriva que Lancelot et Bohor s’attardèrent si fort à poursuivre un cerf dans la forêt qu’ils furent surpris par la nuit et qu’ils vinrent justement s’héberger dans la maison de religion où était Galaad. Ils s’émerveillèrent de le trouver si beau valet, de sorte que Lancelot consentit volontiers à l’armer chevalier, quand l’abbesse le lui eut demandé. L’enfant passa la nuit dans la chapelle à prier son Créateur ; puis, le lendemain, à l’heure de prime, son père lui chaussa l’éperon droit, tandis que Bohor lui bouclait le gauche ; et Lancelot lui ceignit l’épée et lui donna la colée en disant :

— Que Dieu te fasse prud’homme !… Dame, ajouta-t-il en s’adressant à l’abbesse, souffrez maintenant que notre nouveau chevalier vienne avec moi à la cour du roi Artus, car il s’y perfectionnera mieux qu’ici.

— Beau sire, nous l’y enverrons dès qu’il sera temps.

Là-dessus, Lancelot prit congé, ainsi que