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VICTOIRE DU CHEVALIER CHARRETTÉ

valiers de la Table ronde, quoiqu’il protestât qu’il n’en était pas digne.

— Beau sire, lui demanda la reine, quelle est donc la demoiselle qui était sur la charrette ?

— C’est la Dame du Lac, qui a élevé Lancelot, Lionel et moi.

Ah ! en entendant cela, la reine fut si dolente de n’avoir pas reconnu celle qu’elle avait tant appelée, que nulle femme jamais ne le fut davantage ! Elle fit amener son palefroi et courut à la recherche de la charrette qu’elle rejoignit dans la ville, où le nain promenait encore monseigneur Gauvain : aussitôt, elle mit pied à terre et s’élança dans la voiture ; le roi, qui l’avait suivie, fit de même ; et tous les chevaliers qui étaient avec eux, l’un après l’autre. Et, désormais, personne ne fut plus honni pour être allé en charrette : les criminels furent menés sur un vieux cheval à queue et oreilles coupées.

Cependant le roi songea que, s’il donnait un tournoi, il contenterait ensemble les anciens captifs de Gorre, qui depuis bien longtemps n’avaient point vu de prouesses d’armes, et les demoiselles à marier. Aussi fit-il crier dans toute sa terre qu’à vingt jours de là, une assemblée se ferait à Pomeglay. La reine s’en réjouit, car son cœur lui disait qu’elle reverrait là son ami. Mais le conte laisse ici de parler du roi Artus et de sa cour, et devise de ce qui advint à Lancelot quand il eut quitté Gahion, la cité