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LA CHAIRE D’OR ET LA TABLE DES DOUZE PAIRS

il s’élança, lance sur feutre. En le voyant approcher ainsi, plusieurs chevaliers lui vinrent à l’encontre ; mais il renversa le premier en même temps que le cheval, fit voler le second à terre par-dessus la croupe du destrier, brisa sa lance en abattant le troisième, tira son épée et plongea dans la presse où il fit tant d’armes, qu’au bout d’une heure nul, pour fier qu’il fût, n’osait plus l’attendre. Et la fille du roi dit à ses dames :

— Que vous semble de ce nouveau chevalier ?

— Demoiselle, il peut bien dire que Dieu lui a donné la prouesse avec la beauté.

— Dames, nous devons élire un chevalier pour qu’il s’asseye à grand honneur dans la chaire d’or, à la table des douze pairs, au milieu de cette prairie ; et auprès de lui doivent prendre place les douze meilleurs du tournoi. Choisissons ceux à qui nous accorderons cet honneur, car c’est pour cela que nous sommes ici.

Elles répondirent que le nouveau chevalier avait tout vaincu, puis elles se mirent d’accord pour désigner les douze champions qui avaient le mieux fait après lui ; après quoi, le roi Brangore arrêta le tournoi et appela Bohor en lui faisant tant de joie que l’enfant en avait honte. Les demoiselles le désarmèrent et lui lavèrent le corps et le visage ; enfin la fille du roi le revêtit presque de force, tant il s’en défendait, d’une riche robe de soie vermeille fourrée d’hermine.