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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

mise, le heaume en tête, l’écu au col, la lance au poing, l’épée au côté, et, ainsi fait, je jouterai contre tous.

— Demoiselle, promit Garaingant le fort, j’irai au gué du Bois, et nul chevalier n’y abreuvera son cheval que je ne le combatte, et je vous enverrai les écus de tous ceux que je vaincrai.

Malquin le Gallois jura qu’il ne cesserait d’errer jusqu’à ce qu’il eût découvert la plus belle du monde, et qu’il s’emparerait d’elle où qu’elle fût et l’enverrait servir la fille du roi. Mais Agricol le beau parleur s’exprima plus courtoisement.

— Demoiselle, je n’aurai d’autre robe que la chemise de ma mie et je porterai son voile autour de ma tête, et, sans plus d’armes que ma lance et mon écu, j’abattrai dix chevaliers, ou je serai outré.

— Demoiselle, dit le douzième, qu’on surnommait le Laid hardi, durant un an je chevaucherai sans frein ni bride et ma monture ira à sa guise ; et je combattrai à outrance ceux que je rencontrerai, et je vous enverrai les ceintures et les aumônières des vaincus.

— Et vous, sire, demanda la fille du roi à Bohor, quel guerredon puis-je attendre de vous ?

— Demoiselle, en quelque lieu que je sois, mais libre de tout serment, vous pourrez me prendre pour votre chevalier. Et mieux : pour l’amour de vous, je m’emparerai de la reine