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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/112

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GAUVAIN ET PASSEROSE

je vous aie dit hier. Celui que vous aimez est meilleur chevalier que moi et beaucoup plus beau et avenant, et, si j’avais pensé que ce fût lui, certes je n’eusse point entrepris de vous parler d’amour, quoique vous soyez la demoiselle dont je préférerais d’être aimé. Pour Dieu, si j’ai dit quelque chose qui vous déplaise, je vous prie de me le pardonner et de ne parler de rien à votre ami ! D’être aimée de lui, vous valez davantage. Il s’est toujours si bien celé à tout le monde que nul n’a jamais pu connaître le nom de sa dame.

— Cela vaut mieux, sire : amour découvert ne peut monter à grand prix.

— Demoiselle, je vous recommande à Dieu. Saluez de par moi votre ami, car je pense que vous le verrez avant longtemps.

Là-dessus, il descendit dans la rue avec ses gens et rejoignit le roi son oncle.


V


Tout en cheminant, il lui demanda s’il savait le nom du prud’homme qui avait vaincu à Winchester.

— Gauvain, beau neveu, répondit le roi, je l’ai deviné, et vous auriez bien dû le recon-