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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/115

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LA MORT D’ARTUS

— Que dites-vous, beau neveu ! Lancelot n’e’st pas si attaché à aucune dame ou demoiselle qu’il en porte l’enseigne à son heaume !

Là-dessus, le roi commença de mener grande joie.

— Dame, s’écria-t-il, sachez que le vainqueur du tournoi, c’est Lancelot ! À cette heure, sans doute séjourne-t-il à Escalot auprès d’une demoiselle qu’il aime d’amour et qui est des plus belles du monde. Beau neveu, répétez ce que vous m’avez dit.

— Mais de quelle façon était l’écu que vous vîtes dans la chambre ? demanda la reine quand messire Gauvain eut achevé.

— Dame, il était blanc à deux lions d’azur couronnés.

— C’est bien l’écu que Lancelot emporta !

Elle causa quelques moments encore avec le roi et monseigneur Gauvain, puis elle se leva et se retira dans sa chambre où, dolente comme jamais femme ne le fut davantage, elle se mit à pleurer. « Dieu, pensait-elle, comme il m’a trompée vilainement, celui en qui je croyais que fût toute loyauté ! Ha, je me vengerai de lui et de la demoiselle si je puis ! » Toute la nuit les larmes coulèrent sur son clair visage ; enfin, au matin, elle manda Lionel et l’interrogea.

— Lionel, êtes-vous allé au tournoi ?

— Oui, dame.

— Et y avez-vous vu votre cousin ?