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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/118

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PASSEROSE AMOUREUSE


VII


Aussitôt après le départ de messire Gauvain, Passerose s’était rendue auprès de lui, au manoir de sa tante, et, quand elle vit sa plaie si profonde et dangereuse, elle ne sut que devenir. Un mois, Lancelot demeura entre la vie et la mort. Enfin il commença de se sentir mieux et bientôt il retrouva toute sa beauté : tant que la pucelle, qui le veillait jour et nuit, n’y put bientôt plus durer.

Un jour, elle vint à lui, aussi bien atournée qu’elle avait pu.

— Sire, dit-elle, ne serait-il pas bien vilain le chevalier que je prierais d’amour et qui me refuserait ?

— Demoiselle, il le serait s’il avait le cœur libre ; mais, sinon, nul ne devrait le blâmer de vous éconduire. Et je vous dis cela pour moi, car, si vous étiez telle que vous fussiez éprise de moi et que je fusse mon maître comme le sont d’eux-mêmes maints chevaliers, certes je me tiendrais pour heureux : je n’ai jamais vu une demoiselle plus aimable que vous.

— Comment, sire ? Ne pouvez-vous disposer de votre cœur à votre volonté ?

— J’en fais bien mon vouloir, demoiselle,