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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/141

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LA MORT D’ARTUS

avaient grand’peur pour leur dame. Un peu après l’heure de prime, Mador de la Porte mit pied à terre dans la cour, escorté de toute sa parenté, et il monta dans la salle, armé de toutes armes, hormis son heaume, sa lance et, son écu. Il était haut et carré de corps, bien fait de ses membres et blanc comme laine ; il n’y avait guère de plus forts et preux chevaliers que lui.

— Mador, lui dit le roi quand il eut offert son gage, restez céans jusqu’à vêpres ; si, avant ce soir, la reine ne trouve pas quelqu’un pour la défendre, on fera de son corps ce que ma cour décidera.

Alors Mador s’assit dans la salle et autour de lui ses parents ; et ils restèrent ainsi, sans mot dire jusqu’à tierce.

À cette heure, un chevalier entra dans la ville, tout seul, sans écuyer. Il était couvert d’armes blanches, sauf l’écu qui était peint de trois bandes de gueules. Il attacha son cheval à un orme dans la cour du palais, suspendit son écu à une branche, appuya sa lance au tronc et entra dans la salle, heaume en tête. Et à chaque pas qu’il faisait chantaient les mailles de son haubert.

— Roi Artus, dit-il, j’ai entendu conter une grande merveille : c’est qu’aujourd’hui un chevalier appelle la reine Guenièvre de trahison. Jamais on n’avait ouï parler d’une telle folie,