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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/153

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LA MORT D’ARTUS

qu’il les vit fuir, Lancelot arrêta de frapper comme la flamme cesse de brûler quand tout est consumé : il fit monter la reine sur un palefroi et, avec ce qui restait des siens, il fut se jeter dans un fort château qu’il avait conquis au temps qu’il était encore chevalier nouveau, et qui avait nom la Joyeuse Garde, comme il est dit au livre qui devise de ses premières amours. Mais le conte revient maintenant au roi Artus.


XIX


Le roi se tenait dans la salle, assis auprès d’une fenêtre, la tête basse, lorsque Mordret entra tout essoufflé, suivi de quelques chevaliers, et s’écria :

— Sire, nos affaires vont mal ! Sachez que, de tous ceux qui menèrent madame au bûcher, il ne reste que moi et ceux-ci. Lancelot a ravi la reine et il s’est jeté dans la forêt de Camaaloth après nous avoir déconfits.

Sur-le-champ, le roi cria à ceux qui étaient là de prendre leurs armes et se fit apporter les siennes. Mais le roi Carados Biébras, qui était vieux et sage, le conseilla.

— Sire, Lancelot et sa parenté sont à présent trop loin pour que nous puissions les atteindre,