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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/176

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LANCELOT APPELÉ DE TRAHISON PAR GAUVAIN

pirent la mêlée et se retirèrent dans la cité.

Toutefois, la grande et merveilleuse bataille recommença le lendemain, et, durant deux mois, et plus, les deux armées combattirent quatre fois par semaine : ainsi périrent maints prud’hommes et bons chevaliers. Mais, au bout de ce temps, le roi demanda une trêve de huit jours, car il commençait à penser qu’il ne tirerait pas de ce siège grand honneur.

— Gauvain, Gauvain, dit-il à son neveu, je crains que vous ne m’ayez fait entreprendre une chose où nous avons plus à perdre qu’à gagner, tant Lancelot et ses parents sont preux aux armes !

Messire Gauvain s’agenouilla et répondit seulement :

— Sire, pour Dieu, octroyez-moi un don !

Le roi le lui accorda volontiers et le fit lever en le prenant par la main.

— Sire, vous m’avez donné que j’appellerai Lancelot de trahison : s’il ose soutenir qu’il n’a pas occis mes frères par traîtrise, je prouverai contre son corps qu’il l’a fait et, si je le puis outrer, je n’en demanderai pas davantage, ni vous ; mais, si je suis vaincu, vous lui ferez une bonne paix à toujours, ainsi qu’à son lignage.

À ces mots, le roi sentit ses larmes couler : il eût donné de grand cœur ses meilleures cités pour que son neveu n’entreprît pas une telle bataille ! Mais déjà messire Gauvain avait mandé