Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
LA MORT D’ARTUS

Mordret mandait à lui les hauts hommes d’Écosse, d’Irlande, de Galles et de beaucoup de pays étrangers qui tenaient leurs terres de la couronne de Logres ; et, d’abord qu’il les voyait, il leur faisait de si riches dons et de si grands honneurs qu’ils en restaient tout ébahis : grâce à quoi il se les attachait très bien et ils disaient qu’ils ne l’abandonneraient pas et le défendraient contre tous, voire contre le roi Artus en personne, s’il revenait au monde. C’est ainsi que Mordret dépensait les trésors que le roi lui avait donnés à garder.

Un jour qu’il revenait d’assaillir la tour, on lui dit que le roi Artus s’était embarqué pour reconquérir le royaume de Logres, et il en fut tout éperdu, car il craignait que sa déloyauté ne lui nuisît s’il y avait une bataille. Il requit ceux à qui il se fiait davantage de le conseiller.

— Sire, lui dirent-ils, nous n’avons d’autre avis à vous donner que celui de rassembler vos forces et de marcher contre Artus en lui mandant de vider cette terre dont les prud’hommes vous ont saisi. Ses gens sont las et blessés : ils ne sauront durer contre les vôtres qui sont beaucoup plus nombreux et très dispos, car il y a longtemps qu’ils n’ont porté les armes.

De ces mots, Mordret eut un grand réconfort. Il manda tous ses barons et ses hauts hommes, et, quand ils furent à Londres, il leur promit de les récompenser selon son pouvoir si Dieu lui