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LA MORT D’ARTUS

ce propos pour deviser de monseigneur Lancelot du Lac, d’Hector des Mares et du roi Lionel qui étaient restés dans la Petite Bretagne et dont il n’a dit mot depuis très longtemps.


XL


Sitôt qu’ils apprirent la mort du roi et ce qui était advenu au royaume de Logres, ils se hâtèrent de mander leurs hommes et se mirent en chemin pour gagner la mer et passer en Grande Bretagne. Mais, le jour même qu’il débarqua, Lancelot apprit que la reine était morte et trépassée depuis trois jours dans son abbaye. Ah, sachez, seigneurs, que jamais si haute dame ne fit une plus belle fin, ni ne cria plus doucement et tendrement merci à Jésus-Christ ! Mais Lancelot fut tellement dolent que nulle langue ne saurait dire son chagrin : c’est qu’il avait plus aimé sa dame qu’aucun homme mortel n’aima jamais la sienne.

Il marcha avec son armée sur Winchester où les deux fils de Mordret s’étaient réfugiés. Et, quand ils surent qu’il approchait, ils se dirent qu’il valait mieux risquer contre lui une bataille dont Dieu leur donnerait l’honneur s’il lui plaisait, que d’aller fuyant par le pays. C’est pour-