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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/22

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LE CHÂTEL AUX PUCELLES

votre venue à celle de Jésus-Christ, car les prophètes avaient annoncé celle du Sauveur, mais les moines prédisent la vôtre depuis plus de vingt ans.

Cependant, l’une d’elles lui présentait un cor d’ivoire à bandes d’or richement ouvrées, et le priait d’en sonner. Il dit qu’il ne le ferait point avant que de savoir d’où venait la mauvaise coutume du lieu.

— Il y a sept ans, lui répondit-on, les sept frères que vous avez vaincus vinrent s’héberger dans ce château, en compagnie du duc Linor qui en était seigneur. La nuit, ils voulurent prendre de force la fille de leur hôte et, parce qu’il s’y opposait, ils le tuèrent. Puis ils obligèrent tous ceux du pays à leur rendre hommage. « Seigneurs, leur prédit un jour la fille du duc, vous avez gagné cette forteresse à l’occasion d’une femme, mais vous la perdrez de même. Et vous serez vaincus tous sept par le corps d’un seul chevalier. » Dont ils eurent grand dépit : ils jurèrent qu’il ne passerait point une pucelle qu’ils ne retinssent, et cela jusqu’à ce qu’un chevalier les eût menés tous les sept à merci. C’est depuis ce temps qu’on a nommé cette forteresse le châtel aux Pucelles.

Alors Galaad prit le cor d’ivoire et il en sonna si haut qu’on l’entendit bien à dix lieues à la ronde, en sorte que, peu après, les vassaux du château commencèrent d’arriver. Il leur fit