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LES TROIS TABLES

neur pour celui qui la mènera à bonne fin que nul cœur d’homme ne le saurait concevoir. Sachez qu’il y a eu en ce monde trois tables principales. La première fut celle où le Sauveur fit la sainte Cène avec les apôtres, celle qui porta la nourriture du ciel, propre aux âmes comme aux corps, et qui fut établie par l’Agneau sans tache, sacrifié pour notre rédemption.

« La deuxième fut fondée par Joseph d’Arimathie à l’image de la première : ce fut la table du Saint Graal ; et il s’y trouvait un siège qui avait été fait en mémoire de celui où Jésus-Christ s’assit le jour de la Cène et où jamais nul ne prit place depuis Moïse l’impudent, qui fut englouti dans la terre.

« La troisième fut établie par le conseil de Merlin en l’honneur de la sainte Trinité et elle eut nom la Table ronde pour signifier la rondeur du monde ; aussi voit-on que les chevaliers de la Table ronde sont venus de toutes les contrées où fleurit la chevalerie, soit en chrétienté, soit en payennerie ; et tous ceux qui y sont admis y siègent égaux, sans nulle préséance. Mais, comme l’a prédit Merlin, personne ne pourra s’asseoir au siège périlleux sans risquer le sort de Moïse, hormis le vrai chevalier, le promis, le désiré, qui conquerra la vérité du Saint Graal.

« Notre Sire a voulu que Galaad fût celui-là. Et je vous dirai pour quelle raison les portes