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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/37

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LE SAINT GRAAL

une partie de son or : à l’un il bailla un besant, deux à l’autre, cinq au troisième. Celui-ci revint bientôt auprès de lui : « Sire, voici cinq besants que j’ai gagnés au moyen de ceux que tu m’avais donnés. — Viens, bon et loyal sergent, répondit le baron, je te prends dans ma maison. » À son tour, le second montra deux besants qu’il avait gagnés grâce aux deux qu’il avait reçus, et le chevalier l’accueillit très bien. Mais le troisième avait enfoui sa pièce d’or dans la terre et jamais il n’osa plus reparaître devant son seigneur. Ainsi, vous que Dieu a orné de plus grandes prouesses et vaillance que nul autre, vous Lui devez d’autant meilleur service.

— Sire, cette histoire des trois sergents me chagrine, car je sais bien que Jésus-Christ m’avait doué en mon enfance de toutes les bonnes grâces qu’un enfant peut avoir, mais je Lui ai mal rendu ce qu’il m’avait prêté, car j’ai toute ma vie servi Son ennemi, et je Lui ai fait la guerre par mes péchés.

Le prud’homme soupira, mais montrant à Lancelot un crucifix :

— Voyez cette croix, sire : Celui-ci a étendu ses bras comme pour recevoir chaque pécheur qui s’adressera à lui. Sachez qu’il ne vous repoussera pas si vous vous confessez par mon audience. Car nul ne peut être propre et net en ce monde sinon par la confession : c’est par elle qu’on chasse l’Ennemi de soi-même,