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Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/62

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LIONEL FURIEUX

prier à mains jointes de pardonner. Mais l’autre courait déjà prendre ses armes et bientôt revint sur son destrier.

— Cœur failli, dit-il, je vous traiterai comme on doit faire un félon, car vous êtes bien le plus déloyal chevalier qui jamais soit né d’un prud’homme ! Montez sur votre cheval, sinon je vous occirai à pied comme vous voilà, et la honte en sera pour moi, mais le dommage pour vous !

Bohor ne savait que décider, car il ne voulait pas combattre son aîné à qui il devait révérence, ni blesser son frère. À nouveau, il s’agenouilla devant les pieds du cheval, en pleurant et criant merci. Mais le furieux poussa son destrier, qui abattit Bohor et le foula de telle sorte qu’il pensa bien mourir sans confession. Et quand Lionel vit son frère pâmé, il sauta à terre et il allait lui couper la tête, lorsqu’un vieux prêtre sortit de la chapelle et courut se jeter entre eux.

— Pour Dieu, franc chevalier, s’écria-t-il, aie pitié de toi et de ton frère ! Si tu l’occis, tu feras un trop grand et mortel péché !

— Sire prêtre, dit Lionel, ôtez-vous de là, ou bien je vous tuerai et il ne sera point quitte pour autant.

— J’aime mieux que tu m’ôtes la vie qu’à lui : ce ne sera pas si grand dommage.

Il n’avait pas achevé que Lionel, fou de