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LE SIÈGE PÉRILLEUX

autrement, aujourd’hui, vous enfreindriez la coutume.

— Vous dites vrai, Keu. J’ai tant de joie de l’arrivée de Lancelot et de ses cousins qu’il ne me souvenait plus de cette coutume.

Or, tandis qu’ils parlaient ainsi, les chevaliers s’étaient approchés de la Table ronde. Sur chaque siège se trouvait écrit le nom de celui à qui la place appartenait. Mais, sur celui qu’on nommait le siège périlleux parce qu’aucun homme jamais ne s’y était assis sans être puni par Dieu, on s’aperçut que des lettres d’or nouvellement tracées (on ne sut jamais par qui) disaient ceci :

Quatre cent cinquante-quatre ans après la Passion de Jésus-Christ, le jour de la Pentecôte, ce siège aura son maître.

— En nom Dieu, s’écria Lancelot après avoir répété ces mots à haute voix, qui voudra faire le compte trouvera que c’est aujourd’hui même !

Tous les pairs et les compagnons de la Table ronde demeurèrent ébahis de cette grande merveille et Keu s’écria :

— Par mon chef, sire, vous pouvez maintenant dîner, car l’aventure ne vous a point failli !

— Allons ! dit le roi.

Les nappes mises et l’eau cornée, les chevaliers lavèrent leurs mains dans les bassins d’or, puis le roi s’assit sur son estrade et chacun a sa place ;