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LE SAINT GRAAL

À ce moment, les trois chevaliers virent sortir du saint vase un Homme qui saignait des pieds, des mains et du côté, et ils se prosternèrent, le front dans la poussière.

— Mes sergents, mes loyaux fils, leur dit l’Homme, vous qui en ce monde êtes devenus célestiels, asseyez-vous à Ma table. Les chevaliers du Château aventureux et d’autres ont été repus de la grâce du Saint Graal, mais jamais ils n’ont été admis à prendre place ici comme vous.

Pleurant si tendrement que leurs faces étaient toutes mouillées de larmes, les trois compagnons s’approchèrent de la table d’argent, et Galaad s’y assit au milieu, et Perceval à sa droite, et Bohor à sa gauche. Et l’Homme prit le Saint Graal, vint à Galaad qui s’agenouilla, les mains jointes, et lui donna son Sauveur ; puis de même aux autres ; et la suavité qui alors leur entra dans le corps, nulle langue ne saurait la dire.

— Fils, dit l’Homme à Galaad, sais-tu ce que je tiens dans Mes mains ? C’est l’écuelle où Jésus-Christ mangea l’agneau le jour de Pâques avec Ses disciples et où Joseph d’Arimathie recueillit le sang du Sauveur. Maintenant tu as vu la vérité que tu désirais, mais non pas si bien encore que tu la verras au palais spirituel dans la cité de Sarras, où il te faut accompagner le Saint Graal avec Perceval et Bohor. Toutefois, guéris auparavant Mordrain, le roi