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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

« Son enthousiasme pour la littérature allemande et pour la transformation de la vôtre l’a beaucoup subjugué. Depuis, j’ai ose m’étonner que sa poésie, bien qu’élégante, mais cérémonieuse peut-être, se fût à peine dégagéc de l’esclavage dont il avait horreur, comme le prouvaient ses transports d’admiration pour les hardiesses cavalières de M. de Musset et les nouveautés de vous fous, qui le ravissaient d’espérance !

« Depuis lors, je n’ai plus rien su de distinct, ni pu regarder de près ce génie, devenu si amer. C’est par échos lointains, rares, tristes aussi, qu’il nous cherchait. Son livre de Clément XIV nous a rappelé ses entretiens les plus charmants avec mon oncle, qui l’excitail ; Fragolella m’a remplie d’étonnement et de terrecr ; Grangeneuve nous a ramenés depuis à nos instincts de le plaindre et d’espérer pour lui. Depuis, peutéire à force de contenir son imagination et sa parole écrile, il en a trahi la liberté et l’éclat. Ses derniers livres, je n’ai pas osé les lire !… Je vous le redis, peut-être inutilement ; mais son espril parlé étail plus irrésistible quand il se croyait bien écouté et bien compris, el qu’il respirait de sa maladie noire. Seul, il songeait trop au public, qui juge à froid, juge formidable et sans appel ! La flamme souffrait alors d’une rêverie trop longue. L’épouvanto du ridicule paralysail l’audace qu’il applaudissait dans les autres. Il n’était pas homme à subir les humiliations de la terre, el il ne courait plus par