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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

plus sûr bouclier des coquettes. Mais notre tendre Marceline n’était rien moins que souriante et coquette, et sans doute elle n’aurait pas eu grandchance de résister à ce jeune amoureux pour peu qu’il eût été habile. Déjà, dans cette lettre écrite avec la plus naïve franchise, ne lui laissait-elle pas entendre qu’elle était touchée, quand elle le priait de ne plus lui parler en des termes qui la « glaçaient de crainte » et qui « troublaient son âme ? » Si elle ne l’aimait pas encore, du moins le lui déclarait-elle avec une douceur et une honnêteté tout à fait propres à ne le point décourager. Mais Valmore n’était pas plus roué que Marceline

en 1817, la mode n’est plus aux Valmont

et elle n’est pas encore aux Don Juan sataniques et byronesques ; les jeunes gens, qui s’appliquent à traiter toutes choses avec la plus impitoyable gravité (voyez plutôt le ton de leur critique dans leurs petites revues littéraires) (1), font l’amour avec un sérieux imperturbable. Et d’ailleurs on peut aussi bien croire que Valmore était éperdument (1) Le livre de M. Ch.-M. des Granges : la Presse lilléraire sous la Restauration (Paris, 1908, in-89), est bien instructif à cet égard.