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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

célèbre, dans ses derniers vers, c’est l’amant éternellement jeune, cruel et charmant qui l’a si voluptueusement blessée au temps de sa jeunesse. Qu’est-il devenu après leur séparation, qu’a-t-il de commun avec l’ami de son mari, avec ce mûr et neurasthénique personnage qu’est maintenant, vers 1830, M. de Latouche ? Elle n’en veut rien savoir. Si Marceline n’avait plus jamais vu son ami après leur rupture, si elle n’avait plus jamais rien su de lui, elle aurait pu aussi bien écrire tous ses livres. Encore une fois, ce n’est pas un homme, c’est un souvenir qu’elle aime, et l’on conçoit très bien, il me semble, comment le goût positif qu’elle avait pour Valmore s’accommodait de cette passion excessivement littéraire. Littéraire, car, après tout, un sentiment qu’on passc sa vie à mettre en vers, devient forcément un sujet » comme un autre. El, d’autre part, on voit assez que les gens d’imagination sont fort enclins à se jouer à eux-mêmes leurs sentiments, même les plus sincères. Il y eut donc apparemment dans cette passion romanesque et chimérique pour un absent, beaucoup de littérature. Marceline l’éprouvait cependant, et donc Valmore pouvait souffrir. <<