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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

donne, je crois, un air de contrainte el de froideur dont je ne peux triompher, quoique je l’aime beaucoup. Mais, aux craintes que nous causait déjà son caractère, se joint à présent les confidences terribles de cette malheureuse dame et ma présence dans cette campagne me met dans un grand trouble. Je cherche dans ma tête et dans mon cour les moyens de ne froisser ni l’un ni l’autre de ces deux personnes. Lui nous donne des lémoignages d’attachement qui commandent ma reconnaissance, et, quand j’essaie de m’en défendre, il répond que c’est toi qui lui en as fait un devoir dans ton absence. Je sais maintenant que mon devoir est de ne pas me trouver là entre deux cæurs qui peuvent se rapprocher et qu’il faut à tout prix que je n’y retourne pas. »

Quand on connait le secret de Marcelino, on imagine en effet combien avait pu l’émouvoir la visite de cette jeune femme, abandonnée avec son enfant, tout de même que Mlle Desbordes l’avait été vingt-sept ans plus tôt… Donc, lorsque Mme Valmore eut reçu ces confidences, elle sentit aussitôt que << son devoir > lui interdisait, à elle-même, de retourner chez Latouche. Cependant, comme elle était beaucoup moins prudente que bonne, ct qu’elle se serait reproché toute sa vie de n’avoir pas intercédé en