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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

lui avait pardonné de tout son cœur : relisez la pathétique, l’émouvante lettre qu’elle écrivit à Sainte-Beuve quand il mourut (nous l’avons citée) ; vous y verrez qu’elle avait compris que Latouche était plus malade que méchant, que son injustice et son aigreur provenaicnt de la force même de ses illusions blessées, qu’au surplus il était lui-même sa propre victime, ct que, si son âme était injuste et tourmentée, au moins n’était-elle ni bassc, ni plate. Elle avait compris tout cela, qui était vrai, et elle avait pardonné… D’ailleurs, non, ce n’est pas M. de Latouche, cet amant qu’elle chante si passionnément encore dans ses derniers vers. C’est cclui dont elle garde l’image dans son cæur, c’est un jeune infidèle, ardent, cruel et charmant, qui ne ressemble guère à ce barbon… Et en définitive, je crois bien que c’est moins d’un homme que de l’Amour même qu’elle demeura éprise toute sa vie, notre romantiquc Valmore : dans sa mćmoire, il ne restait plus, sans doute, qu’une grande lueur de passion, « semblable à un de ces feux solitaires qui brûlent longtemps encore après le départ du påtrc qui les