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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

religion catholique. Il descendait pourtant d’une vieille famille de calvinistes et, si son père, le singulier époux de Marie-Barbe Quiquerez, n’avait par hasard embrassé le catholicisme au cours d’un de ses voyages (1), on peut croire que Félix se fût trouvé aussi bon huguenot qu’il était excellent papiste. Car il était naturellement pieux et honnête, comme sa fille aimait à le donner à entendre par l’histoire suivante : (2) « Les grands-oncles de mon père, exilés autrefois en Hollande à la Révocation de l’Edit de Nantes, offrirent à ma famille leur immense succession si l’on voulait nous rendre à la religion protestante. Ces deux oncles étaient centenaires ; ils vivaient dans le célibat, à Amsterdam, où ils avaient transporté et fondé une librairie. J’ai des livres imprimés par eux. « On fit une assemblée dans la maison. — Ma mère pleura beaucoup. Mon père était indécis et nous embrassait. Enfin on refusa la succession dans la peur de vendre notre âme, et nous restâmes dans une misère qui s’accrut de mois en —

(1) « Mon grand-père s’était fait catholique, étant horloger de la princesse de Brabant. » Note manuscrite de Marceline dans ses papiers (Pougin, page 7). (2) Lettre à Sainte-Beuve, écrite apparemment en 1833, el publiec tout d’abord dans les Portraits contemporains, II, page 99, note.