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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

le calme de toutes ses journées à Lyon, mais c’est au contraire la cortitude de ma tristesse loin de lui qui va le troubler beaucoup malgré tout son courage.

« Cette belle verdure qui renaît de tout côté me rend triste comme une criminelle parce qu’elle me montre l’heure de notre condamnation. Cependant j’ai d’avance la certitude que je trouverai cu secours dans ma prière et ma soumission à Dieu. Je suis assez faible pour trembler devant de nouvelles souffrances, mais jamais assez ingrate pour ne pas le remercier de les avoir subies, car c’est de l’espérance, j’en suis sûre, mon pauvre enfant, ou bien de l’expiation… » Et à son mari elle écrit : —

« 29 avril 1839… Je ne suis pas maitresse de mon abattement depuis ton départ. Me coucher, me réveiller est d’une tristesse inexprimable, Hélast mon cher enfant, si l’on voyait bien son âme avant de certains sacrifices, auraiton en conscience le courage de les signer ? N’est-ce pas là, pauvre ami, ce que tu penses ? Je te conjuro au moins d’élourdir ta pensée. Ton bonheur m’est bien plus que le mien ! De quel prix je le payerais, grand Dieu, si je possédais ! » Presque chaque jour Marceline adresse ainsi une longue lettre à son époux, où elle