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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

il ne s’agit plus de railler et de s’amuser quand on voulut plaire, il s’agit d’être « vertueux » et surtout d’être « sensible », car c’est assez exactement, je pense, contre l’ « esprit » au nom du « cœur », que se fit la révolution romantique. Et puis, la première qualité d’un poète lyrique, ce sera toujours l’inintelligence totale de la notion du ridicule. Lorsqu’elle lut, dans le Génic du Christianisme, le chapitre intitulé Examen de la Virginilé sous les rapports poéliques, Mme de Staël ſut consternée : « Vous me voyez désolée, dit-elle à Mme Récamier, ce pauvre Chateaubriand va se couvrir de ridicule, son livre va tomber (1). » Mais la jeune génération de 1802 aurait déjà pu dire, avec cet admirable Lamartinc que M. de Chateaubriand, lui-même, ne pouvait se tenir d’appeler un grand dadais : << Prencz votre séricux tout à fait… La gaieté est amusante, mais au fond c’est une jolie grimace. Qu’y a-t-il de gai dans le ciel et sur la terre ? Le bonheur est triste luimême quand il est complet, car l’infini est (1) Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe lilleraire, ), page 189, note.