Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/107

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Ses contemporains l’ont placé au premier rang, mais la postérité plus juste le fera descendre au second (voire même au troisième) qui seul lui appartient. »

Ce qui est par dessus tout regrettable et déplorable, c’est que, dans les œuvres du chansonnier, se rencontrent, et nombreuses, des pièces licencieuses, irreligieuses, cyniquement impies, ou qui sont empreintes des passions politiques et des haines injustes de l’époque. Pourtant ce n’était point un sentiment violent qui les avait dictées à l’auteur, s’il est vrai qu’il ait répondu à des amis lui conseillant de retrancher ces chansons :

« Je m’en garderais bien, ce sont celles-là qui servent de passeport aux autres. »

Cette parole, que rapporte la Biographie universelle de Feller, serait tellement blâmable et coupable qu’on incline à douter de son authenticité. Le biographe nous dit d’ailleurs : « Pendant les dernières années de sa vie, Béranger montra des sentiments meilleurs que ceux qu’il avait eus jusque-là ; s’il n’était pas croyant encore, il parlait de la religion avec respect ; il tenait à rappeler qu’il avait toujours été spiritualiste. Il avait conservé des relations avec sa sœur qui était religieuse, et depuis longtemps retirée dans un couvent où elle priait et expiait pour son frère ; il s’était mis aussi en relation avec le curé de sa paroisse qu’il chargeait de distribuer ses aumônes ; car, quoique peu riche, il était bienfaisant. Lorsque sa dernière heure approcha, le prêtre et la religion vinrent au chevet du malade et furent bien reçus ; il sortit de sa bouche des paroles sympathiques, chrétiennes même, et l’on peut croire qu’un retour à Dieu plus complet et plus consolant aurait eu lieu si de