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BERTHOLLET



I


Peu de temps avant le 9 thermidor, un dépôt graveleux, trouvé au fond de quelques barriques d’eau-de-vie, donna lieu à une grave accusation contre un fournisseur qui, dit-on, voulait empoisonner les soldats. On confie à un chimiste, déjà célèbre, l’analyse du liquide. Tout semblait prouver qu’on cherchait un coupable afin de s’emparer des richesses du fournisseur. L’examen du liquide confirme cette présomption et le chimiste, n’écoutant que le devoir et la conscience, n’hésite pas à faire un rapport favorable. Appelé bientôt après devant le Comité du salut public, il est soumis à un interrogatoire qui n’était rien moins que rassurant.

— Es-tu sûr de ce que tu dis ? lui fut-il demandé d’un ton menaçant.

— Très-sûr, répond avec calme le savant.

— Ferais-tu sur toi-même l’épreuve de cette eau-de-vie.

Le chimiste, sans répondre, emplit un verre du liquide et l’avale d’un trait.

— Tu es bien hardi.

— Moins que je ne l’étais en écrivant mon rapport.

L’accusation fut abandonnée, grâce à l’intrépide fer-