Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/115

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notre territoire et la France n’avait à leur opposer que des conscrits auxquels manquaient, avec l’habitude des armes, les munitions et le matériel de guerre. Mais, grâce à Berthollet et à son ami Monge, aidés par un petit bataillon de chimistes choisis par eux, on trouva sur notre sol même tout ce qu’on s’était trop habitué à demander à l’étranger : le soufre, le salpêtre, l’airain ; dès lors les produits de nos fabriques et de nos arsenaux suffirent à la prodigieuse consommation de quatorze armées. Aussi, n’est-on que juste, en reconnaissant et proclamant que la France, sauvée alors de l’invasion et du démembrement, ne dut pas moins ce bonheur au zèle infatigable de nos savants qu’à l’héroïque dévouement des soldats combattant et mourant aux frontières.

Pendant l’année 1791, Berthollet fut envoyé en Italie par le Directoire comme président de la commission chargée du choix des objets d’art les plus précieux qui devaient être transportés à Paris. La noble conduite de Berthollet dans ces circonstances lui valut l’estime du général en chef Bonaparte, qui, plein d’admiration pour sa science comme pour son caractère, résolut dès lors de se l’attacher. Seul il connut à l’avance le secret de l’expédition d’Égypte, dont il fit partie pour le plus grand avantage de la science comme de l’armée. Pendant l’insurrection du Caire, ce fut à son courage et à sa présence d’esprit que les membres de l’Institut durent de conserver avec la vie tous les trésors scientifiques recueillis jusqu’alors. Quand, après la levée du siége de Saint-Jean-d’Acre, la peste se déclara dans le camp français, il n’hésita point à s’associer à Larrey pour reconnaître, dès les premiers symptômes, la pré-