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BOURDALOUE



I


Celui qu’on a si bien nommé le Prince des Orateurs, n’est pas un artiste à la façon de Cicéron par exemple, avant tout préoccupé de l’art de bien dire, de cadencer la phrase et d’arrondir savamment la période. Bourdaloue veut convaincre plus encore que plaire, parce qu’il obéit à une conviction forte et que chez lui tous les actes et la vie entière sont en harmonie avec ses paroles. Il se prêche lui-même et met toujours l’exemple à côté de la leçon.

Je ne sais rien de plus touchant, de plus admirable que ce que les biographes nous racontent des derniers temps de sa vie. Au comble de la célébrité, alors que les contemporains, le roi Louis XIV et les personnages les plus illustres lui demandaient conseil et que son nom était dans toutes les bouches, il disait, d’après ce que nous apprend le Père Martineau, son confrère :

« Dieu m’a fait la grâce de connaître le néant de ce qui brille le plus aux yeux des hommes, et il me fait encore celle de n’en être point touché. »

Un autre jour, il disait encore : « être si profondément convaincu de son incapacité pour tout bien que,