Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/16

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régents, et les injures même que les uns et les autres s’étaient permises contre lui, mais qu’on y prît garde, car une autre fois, il n’y aurait pas de pardon !

— Vive le roi ! vive le cardinal ! s’écrièrent à l’envi les écoliers et leurs maîtres qui ne laissaient pas d’avoir une grande peur à la vue des lances et des hallebardes, et ne regrettaient pas de se sentir rassurés.

— Vive notre bon roi ! vive le cardinal, son glorieux ministre ! criaient avec un enthousiasme plus sincère et un entraînement plus réel les bons bourgeois et gens du peuple, grandement reconnaissants au prince comme à son ministre, des mesures relatives aux impôts qui avaient signalé les débuts du règne. Car le roi, faisant remise du don de joyeux avènement, avait de plus voulu que toutes les dépenses du sacre fussent acquittées sur les revenus de ses domaines particuliers. Puis aussitôt après, le ministre diminua d’un dixième les impôts à recouvrer, et continua toujours depuis à les réduire tant qu’ils fussent aux deux tiers de ce qu’ils étaient d’abord. Malgré les charges résultant des guerres et des coûteuses expéditions auxquelles le roi se laissa entraîner, Georges d’Amboise sut, par de sévères économies, compenser le déficit et n’eut jamais besoin de rétablir les impôts supprimés.

On comprend que cette tutélaire administration ait rendu populaire le ministre qui n’était pas moins cher à la France qu’à son roi, heureux toujours de se rappeler que non-seulement d’Amboise, sous le règne précédent, avait partagé sa disgrâce, mais que le frère de celui-ci, le cardinal d’Albi, aumônier de la régente, avait fortement contribué pour sa part à faire mettre