Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/193

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pations étrangères ou personnelles, et l’on sent à l’énergie de son accent, à la vivacité de sa foi, qu’il était dans toute la ferveur du néophyte et sous le coup encore du douloureux événement qui l’avait frappé comme un coup de foudre en déterminant sa conversion ainsi que lui-même l’a proclamé dans une page éloquente :

« Ma mère, dit-il, après avoir été jetée à soixante-douze ans dans les cachots où elle vit périr une partie de ses enfants, expira sur un grabat où ses malheurs l’avait reléguée. Le souvenir de mes égarements répandit sur ses derniers jours une grande amertume. Elle chargea, en mourant, une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda les derniers vœux de ma mère ; quand la lettre me parvint au delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement. Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort, m’ont frappé ; je suis devenu chrétien ; je n’ai point cédé, j’en conviens, à de grandes lumières surnaturelles ; ma conviction est sortie de mon cœur ; j’ai pleuré et j’ai cru. »

L’Itinéraire de Paris à Jérusalem est un livre des plus remarquables et dans lequel on sent la conviction comme aussi sans doute dans les Martyrs encore que Chateaubriand, dominé par ses souvenirs ou ses préjugés classiques, ait fort enguirlandé, enjolivé, poétisé le paganisme de la décadence qui fait trop belle figure en vérité à côté du christianisme de l’âge d’or ou de l’âge héroïque. Puis dans tel chapître, l’épisode de Velléda par exemple, le langage des passions terrestres, des passions coupables, fait explosion avec trop de violence