Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/233

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— Pauvre enfant, Dieu te garde de jamais le devenir ! Ce n’est pas un léger fardeau.

Vers la fin de l’année 1818, Mgr de Cheverus eut une grande douleur, il perdit son ami, son père, le bon abbé Malignon. Le chagrin qu’il ressentit de cette perte comme ses fatigues et ses occupations qui s’en accrurent, le défunt n’ayant pu d’abord être remplacé, eurent une action fâcheuse sur sa santé. Son état même devint assez pénible pour qu’il prît conseil des médecins ; tous furent d’avis que le climat rigoureux de Boston lui était contraire, à ce point qu’à leur dire un nouvel hiver passé par lui sous ce ciel inclément pourrait être mortel. Qu’on juge des perplexités de l’évêque alors que, dans le même temps, il recevait du roi Louis XVIII l’invitation ou plutôt l’ordre de revenir en France pour y occuper l’un des siéges vacants. M. Hyde de Neuville, dans un récent voyage à Boston, avait vu son compatriote à l’œuvre et n’avait pu se tenir, après son retour, d’en parler au roi. M. de Cheverus, bien que son cœur fût resté tout français, et qu’il lui semblât doux de revoir la terre natale, ne pouvait se décider pourtant à se séparer de ses enfants d’adoption, et à une lettre plus pressante du grand aumônier, parlant au nom du roi, il répondit « qu’il suppliait Sa Majesté de lui pardonner de faire ce qu’il croyait devant Dieu être de son devoir. »

Le refus ne fut pas admis, et le grand aumônier insista dans les termes les plus énergiques précisément alors que les médecins déclaraient le climat de Boston trop rigoureux pour l’évêque. Mgr de Cheverus, dont le cœur était combattu et comme déchiré entre deux