Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je n’avais nulle connaissance du péril ; mais étais ébahi comme nul s’osait défendre contre tel prince à qui j’étais, estimant que ce fut le plus grand de tous les autres. Ainsi sont gens qui n’ont point d’expérience, dont vient qu’ils soutiennent assez d’argus (arguments) mal fondés et avec peu de raisons. Par quoi fait bon user de l’opinion de celui qui dit que : « l’on ne se repent jamais pour parler peu, mais bien souvent de trop parler. »

La victoire, après une assez grande effusion de sang, semblait rester indécise, lorsque la retraite du roi, pendant la nuit, fut regardée par les alliés comme l’aveu d’une défaite. Le comte en particulier triomphait d’un succès qui devait être pour son malheur comme l’historien en fait la remarque : « Tout ce jour demeura encore monseigneur de Charolais, sur le champ, fort joyeux, estimant la gloire être sienne. Ce qui depuis lui a coûté bien cher : car oncques puis il n’usa de conseil d’homme mais du sien propre : et au lieu qu’il était très-inutile pour la guerre paravant ce jour, et n’aimait nulle chose qui y appartint, depuis furent muées et changées ses pensées, car il a continué jusques à sa mort ; et par là fut finie sa vie et sa maison détruite ; et si elle ne l’est du tout, si est-elle toute désolée. »

Commines, devenu chambellan de Charles le Téméraire, qui avait succédé à son père Philippe comme duc de Bourgogne, se trouvait à Péronne lors de l’entrevue du duc avec le roi de France ; Louis XI, s’était pris à son propre piége en se mettant à la discrétion de celui qu’il espérait tromper. On sait que Charles, ayant acquis la preuve de la trahison du roi qui excitait sous main les Liégeois à la révolte, ordonna de fermer les portes du