Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/273

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cher la vérité, traversant de vastes déserts, souvent abandonné de ses guides, escaladant des montagnes inaccessibles jusqu’à lui, menacé d’un côté par les masses de neige suspendues à leur sommet, de l’autre par la profondeur des précipices, marchant sur des volcans plus terribles cent fois que ceux de notre continent, respirant de près leurs exhalaisons, quelquefois même entendant gronder ces foudres souterrains et voyant des torrents de soufre sillonner ces neiges antiques que n’avaient point effleurées les feux de l’équateur… Tandis qu’il sondait le volcan de Pitchincha, il voyait s’enflammer, à sept lieues de distance, celui de Coteau Paxi, sur lequel il observait quelques jours auparavant ; et peut-être sans cet éloignement, dont sa curiosité s’indignait, sans doute entraîné par elle, et trop digne émule de Pline, il lui aurait ressemblé dans sa mort, comme il l’avait imité dans sa vie.

À d’incroyables dangers se joignaient d’incroyables fatigues : mesurer la toise en main une base immense ; chercher à travers des rochers, des ravins, des abîmes, les points de ses triangles ; replanter vingt fois, sur des monts escarpés, des signaux, tantôt enlevés par les Indiens, tantôt emportés par les ouragans ; passer plusieurs nuits sous des tentes chargées de frimas, quelquefois arrachées par les vents ; essuyer la cruelle alternative et des plus accablantes chaleurs dans la plaine, et du froid le plus âpre dans les montagnes ; voilà quelle fut sa vie pendant sept ans entiers. »

Plus loin Delille nous dit encore : « Je ne vous le représenterai point, après un trajet de cinq cents lieues sur la rivière des Amazones, ce fleuve immense, large