Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/296

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geau, en annonçant sa mort d’une façon si brève, lui faisait une épitaphe méritée : « Aujourd’hui est mort le bonhomme Corneille. » Bonhomme, oui, c’est-à-dire plein de bonhomie ce grand homme que Fontenelle, qui avait recueilli les traditions de famille, nous dépeint « avec l’humeur brusque et quelquefois rude en apparence, au fond très aisé à vivre, bon mari, bon parent, tendre et plein d’amitié. Il avait l’âme fière et indépendante, nulle souplesse, nul manège… Il parlait peu même sur la matière qu’il entendait si parfaitement et n’ornait pas ce qu’il disait. » Il en fait naïvement l’aveu dans son Épître à Pélisson :

    Et l’on peut rarement m’écouter sans ennui,
    Que quand je me produis par la bouche d’autrui.

Membre de l’Académie française dès l’année 1647, et vénéré de ses confrères, il était doyen de la compagnie lorsqu’il mourut le 1er octobre 1684, à l’âge de 78 ans. Comme nous l’avons dit ailleurs, il fut enterré dans l’église Saint Roch dont il était l’un des paroissiens, et non des moins fidèles d’après les témoignages contemporains auxquels s’ajoute celui de Fontenelle qui s’en appuie en les confirmant par ce qu’il avait appris de source certaine. « À beaucoup de probité naturelle il a joint, dans tous les temps de sa vie, beaucoup de religion et plus de piété que le commerce du monde n’en permet ordinairement. Il a eu souvent besoin d’être rassuré par des casuistes sur ses pièces de théâtre, et ils lui ont toujours fait grâce en faveur des nobles sentiments qui règnent dans ses ouvrages, et de la vertu qu’il a mise jusque dans l’amour. »