soit guère exercé que sur des sujets en quelque sorte posthumes et d’un intérêt purement rétrospectif. Il ne connaissait pas Shakespeare, mais il avait étudié Calderon, comment la pensée de faire comme celui-ci ne lui fut-elle pas suggérée par la lecture de ces beaux drames empruntés par le tragique espagnol aux annales de son pays et qui doivent à cette circonstance, comme aussi au génie du poète, un intérêt palpitant et en quelque sorte actuel ? Comment les superbes pièces : El Alcade de Zalamea, l’Alcade de Zalamea, El Sitio de Breda, le Siége de Bréda, El Fenix de Espana, le Phénix de l’Espagne, etc, et d’autres, quoique d’ailleurs mêlant trop la fantaisie à l’histoire, ne portèrent-elles point Corneille à s’inspirer de la muse patriotique ? Imaginez quelqu’un de ces personnages chevaleresques de notre histoire tout autrement grands et admirables que les héros trop vantés de la Grèce et de Rome, un saint Louis, un Duguesclin, une Jeanne d’Arc, un Bayard, évoqué par le génie souverain de Corneille et nous parlant la langue incomparable des Horaces, de Cinna, de Pompée ou de Nicomède, se pourrait-il un plus admirable spectacle et comment croire que les applaudissements auraient manqué à cette glorieuse tentative, faite, (à la vérité bon nombre d’années après) avec un plein succès par un poète[1] dont le talent était bien inférieur au génie de Corneille ?
Je ne m’étonne pas moins que la connaissance du théâtre espagnol n’ait pas, au point de vue religieux, profité davantage à Corneille encore que je ne conteste
- ↑ De Belloy, auteur du Siège de Calais.