Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/353

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indiquée par la Providence, il accueillit avec empressement les offres bienveillantes de l’évêque de Troyes, qui, après lui avoir conféré les ordres, le nomma l’un des chanoines de sa cathédrale.

Après la mort du digne évêque, l’abbé de l’Épée revint à Paris ; l’attitude qu’il prit, dans les trop fameuses discussions entre jansénistes et molinistes, l’exposa aux censures de l’autorité diocésaine, et l’on a regret à dire que ce blâme il le méritait ; car, bien qu’il eut signé l’acte d’adhésion à la bulle Unigenitus, condamnation du jansénisme, et dans des termes qui attestaient, suivant le biographe, « la droiture de son âme et la pureté de son intention, » il ne put s’abstenir de restrictions qui n’étaient point, à son insu sans doute, dans le même esprit de soumission. Cette faute, il ne faut point la dissimuler ; « car, dit très bien l’abbé Bouchet, son génie et sa bienfaisance ne l’ont malheureusement pas mis à l’abri des faiblesses humaines… et quand même nous écririons la vie d’un saint, nous croirions de notre devoir d’historien de chercher et de montrer en lui quelque point vulnérable dans son existence. Le sort des hagiographes, dans leurs vies de saints, est de ne nous montrer que le beau côté de leur héros, ce qui nuit à la vérité historique et en fausse les conséquences morales ; car, avec de telles vies, les lecteurs s’imaginent toujours que les saints ne sont pas des hommes comme eux, et qu’eux, lecteurs, étant hommes, ils ne peuvent être saints.

… Mais notre pénible tâche d’historien une fois remplie, nous ne persistons pas moins à croire que la question de bonne foi et l’immense charité de l’ami des