du dehors, conduit comme par la main par la Providence dans sa voie véritable, et ramené à sa sainte mission par la circonstance racontée plus haut (la rencontre des deux sourdes-muettes) ne devait plus s’en écarter. Les succès qu’il avait obtenus au moyen du langage des gestes et de cette mimique ingénieuse, sorte de langue universelle que, plus tard, l’abbé Sicard devait compléter, lui attirèrent bientôt d’autres et nombreux élèves. L’attention publique fut éveillée, et cette humble école avait peine parfois à contenir l’affluence des visiteurs, entre lesquels un jour se trouvèrent l’empereur d’Allemagne, Joseph II, et l’ambassadeur de Catherine, l’impératrice de Russie.
Ces résultats ne pouvaient que surexciter le zèle de l’abbé qui, vu le nombre toujours croissant des élèves, était incessamment entraîné à développer son établissement. Il possédait, quand il en jeta les premiers fondements, un patrimoine d’environ 7,000 livres de revenu, d’autres disent 12,000, et au bout de quelques années, l’Œuvre avait presque tout absorbé encore qu’il eût eu plus d’une fois recours à la bourse de son digne frère, architecte du roi, et qu’il s’imposât pour tout ce qui le concernait lui-même, la plus stricte économie : « Il se dépouillait, dit M. Berthier, pour couvrir ses enfants d’adoption, et traînait des vêtements usés pour qu’ils en portassent de bons… Durant le rude hiver de 1788, il se refusait même du bois, malgré les infirmités de la vieillesse, et ce ne fut que, vaincu par les instances réitérées de ses élèves en larmes, qu’il renonça à cette privation volontaire. Longtemps encore après, il leur répétait en soupirant :