Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/36

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« J’ai rempli des fonctions importantes que je n’ai ni désirées ni demandées, ni regrettées ; j’en suis sorti aussi pauvre que j’y étais entré, n’ayant pas cru qu’il me fût permis d’en faire des moyens de fortune et d’avancement. Je me suis réfugié dans les lettres, heureux d’y retrouver un peu de liberté, de revenir tout entier aux études de mon enfance et de ma jeunesse, études que je n’ai jamais abandonnées, mais qui ont été l’ordinaire emploi de mes loisirs, qui m’ont procuré souvent du bonheur et m’ont aidé à passer les mauvais jours de la vie. »

Ces mauvais jours ils étaient pour Andrieux la conséquence de la suppression de son emploi, car sans fortune et père de famille, ayant à sa charge, avec de jeunes enfants, une mère et une sœur, il se trouvait dans une situation fort difficile. C’est alors que Fouché, ministre de la police, qui en fut instruit, l’ayant fait venir, lui offrit une place de censeur en ajoutant :

— On ne peut craindre avec moi que la censure dégénère en inquisition. Ce ne sera qu’une censure anodine. Je ne prétends nullement comprimer la pensée : les idées libérales se sont réfugiées dans mon ministère.

— Tenez, citoyen ministre, répondit Andrieux, mon rôle est d’être pendu, non d’être bourreau.

Et il sortit. À quelque temps de là eut lieu la proclamation de l’Empire. Un matin, une voiture à la livrée impériale s’arrête devant la modeste habitation dont Andrieux était un des locataires. Un personnage en descend, devant lequel la porte s’ouvre, et, à la grande surprise d’Andrieux, on annonce :