Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/371

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des pensées que par la propriété des expressions ? Quelle pureté de style ? c’est un diamant de la plus belle eau enchâssé dans un or très-pur. Je continue à citer quoique un peu au hasard. L’éducation doit se commencer dès la plus tendre enfance : « Si peu que le naturel des enfants soit bon, on peut les rendre ainsi dociles, patients, fermes, gais et tranquilles : au lieu que si on néglige ce premier âge, ils y deviennent ardents et inquiets pour toute leur vie ; leur sang se brûle, les habitudes se forment, le corps encore tendre, et l’âme, qui n’a encore aucune pente vers aucun objet, se plient vers le mal ; il se fait en eux une espèce de second péché originel, qui est la source de mille désordres quand ils sont plus grands. »

« Souvent le plaisir qu’on veut tirer des jolis enfants les gâte ; on les accoutume à hasarder tous ce qui leur vient dans l’esprit et à parler de choses dont ils n’ont pas encore des connaissances distinctes… Ce plaisir qu’on veut tirer des enfants produit encore un effet pernicieux : ils aperçoivent qu’on les regarde avec complaisance, qu’on observe tout ce qu’ils font, qu’on les écoute avec plaisir ; par là, ils s’accoutument à croire que le monde sera toujours occupé d’eux. »

« … Il faut donc prendre soin des enfants, sans laisser voir qu’on pense beaucoup à eux. Montrez-leur que c’est par amitié et par le besoin où ils sont d’être redressés que vous êtes attentif à leur conduite, et non par l’admiration de leur esprit. Contentez-vous de les former peu à peu selon les occasions qui viennent naturellement : quand même vous pourriez avancer beaucoup l’esprit d’un enfant sans le presser, vous devriez