Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/404

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faible et qui veut à tout prix échapper à une démarche pour lui déplaisante. On ne peut trop regretter cependant, pour le bonheur comme pour le talent de La Fontaine, que cette réconciliation avec sa femme n’ait point eu lieu, et on se l’explique d’autant moins que le ravissant poème de Philémon et Beaucis, prouve qu’il était fait pour comprendre le paisible bonheur du foyer domestique. Citons seulement ces quelques vers :

    Pour peu que des époux séjournent sous leur ombre,
    Ils s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans.
    Ah ! si !… Mais autre part j’ai porté mes présens.

Walckenaer dit excellemment : « Oui, La Fontaine, La Fontaine, nous le répèterons après toi : Ah ! si le ciel t’avait donné une compagne qui t’eût fait connaître les tranquilles jouissances de la vie domestique, ton imagination n’eût été ni moins gaie, ni moins vive, ni moins spirituelle ; mais elle eût été mieux réglée et plus pure. Tes fables seraient toujours l’objet de notre admiration et de nos louanges ; mais, dans tes autres écrits, la peinture des plus doux sentiments du cœur, dont tu connais si bien le langage, qui a fait des chefs-d’œuvre irréprochables du petit nombre de contes où tu l’as employée, aurait remplacé ces tableaux licencieux où tu as outragé les mœurs et quelquefois le dieu du goût. Alors, ô La Fontaine, les satyres n’eussent point mêlé de fleurs pernicieuses parmi les fleurs suaves et brillantes dont les Muses et les Grâces ont tressé ta couronne ; et ces vierges du Parnasse ne te reprocheraient point, en rougissant, de les avoir si souvent forcées à se